8. Etude des pattes
Cette étude portera essentiellement sur les pieds, ces derniers étant différents pour les mâles et les femelles. En ce qui concerne les pattes proprement dites, il faut signaler l'absence d'un doigt. D'autre part les deux métacarpiens et les deux métatarsiens médians sont soudés pour former, pendant la vie fœtale, l'os canon. Ce sont eux qui supportent deux doigts principaux. Les métacarpiens et métatarsiens latéraux quant à eux sont réduits à leur partie supérieure. Les phalanges sont atrophiées et portent à l'extrémité des phalangettes les petits onglons de forme conique appelés "os" en langage de vénerie. La patte du daim possède donc quatre doigts inégaux. Deux d'entre eux, les doigts II et V, les os, sont petits et situés plus haut que les III et IV qui forment le pied proprement dit et supportent le poids du corps. Ces deux doigts sont chacun dans un étui corné, l'onglon ou le sabot. L'espace interdigital, appelé le gilet, contient des glandes sébacées qui sécrètent un liquide huileux dont le rôle est d'entretenir la souplesse de la corne. En considérant la face inférieure, on remarque tout d'abord la dissymétrie des onglons. Ceux-ci sont formés de plusieurs parties : la partie postérieure, renflée, élastique est le "talon" ou "l'éponge". La taille de l'éponge représente environ la moitié de celle du sabot. L'intervalle entre les deux éponges se nomme la fourchette : - la partie antérieure, la pince - entre l'éponge et la pince se trouve la portion creuse du pied que l'on nomme la "sole", bordée par des saillies tranchantes, les "côtés". La face inférieure du pied est très variable suivant la nature du terrain sur lequel vit l'animal. Dans un pays humide et marécageux, le pied s'élargit, le talon se gonfle, les côtés et les pinces sont coupants. Dans un pays de sable, la sole est moins creuse, le talon plus ferme, les pinces et les côtés sont tranchants et non usés. Par contre dans un pays rocailleux, les pinces et les côtés s'usent et sont souvent ébréchés. La connaissance du pied est fort importante car leur forme renseigne sur le sexe et même l'âge de l'animal. Nous y avions fait allusion dans le paragraphe sur les différences entre mâles et femelles. Il faut d'abord savoir que le pied postérieur n'est jamais plus grand que le pied antérieur. Chez les femelles, les pieds sont presque égaux avec une légère supériorité de taille pour le pied avant. Chez les mâles par contre, cette différence est très prononcée et elle l'est d'autant plus que le mâle est plus vieux. D'autre part les différences du pied permettent de déterminer si les traces découvertes sur le terrain proviennent d'un mâle ou d'une femelle. Le pied de la daine est long et pointu. Les côtés sont tranchants, la sole étroite et creuse. Le talon est petit et étroit, les os pointus, menus, tournés en dedans et piquent perpendiculairement au sol. L'extrémité de ses os étant loin du talon, on dit que la daine est long-jointée. L'espace entre les deux os est étroit. Chez le mâle, le pied est moins allongé, la pince arrondie, la sole plus pleine, le talon plus large et les os s'écartent vers l'extérieur de sorte que la largeur de la "jambe" (formée des deux os et de la partie poilue qui les sépare) est plus grande que chez la femelle. La différence entre la taille des pieds avant et arrière est nette. L'étude des pieds permet d'autre part de déterminer si l'on a à faire à un jeune ou à un vieux daim. Le jeune daim mâle est plus long-jointé que le vieux mâle. D'autre part dans le premier cas, ni les pinces, ni les côtés ne sont usés alors qu'à partir de la troisième tête, l'usure devient prononcée. Par rapport aux jeunes mâles, les vieux daims ont la pince plus arrondie et une plus grande largeur de la jambe, les os s'écartant l'un de l'autre, mais se rapprochant d'autre part du talon. La différence entre la taille des pieds avant et arrière s'accentue. Chez les dix cors, le pied est arrondi, large et peu creusé, la sole arrivant au niveau du talon par suite de l'usure de la pince et des côtés. La taille du pied peut atteindre alors 7 à 8 cm de long sur 4 à 5 cm de large. Les os sont de plus en plus éloignés l'un de l'autre et rapprochés du talon. Les faons quant à eux sont très faciles à reconnaître par suite de la petite taille de leurs pieds et par leurs bords tranchants parce que non usés. Néanmoins, la différence entre les mâles et les femelles se remarque déjà par la forme de la pince et de la différence de taille entre les pieds avant et arrière. Cette étude des pieds étant terminée, il faut à présent la compléter par une étude des allures. On appelle "allure" la manière dont l'animal pose son pied de derrière par rapport à celui de devant, la distance d'un pas par rapport à l'autre, en longueur et en largeur ainsi que la progression par rapport à la ligne droite. Cette étude n'a de valeur que si l'animal marche tranquillement au pas. En dehors des caractéristiques spécifiques du pied de la daine on constatera qu'elle écarte les pinces des pieds avants et arrières, qu'elle se méjuge souvent c'est à dire qu'elle pose son pied arrière soit sur la trace du pied avant, soit à droite, soit à gauche de cette trace. D'autre part, la daine progresse en ligne droite, ce qui n'est pas le cas des mâles. Cette constatation est difficile à faire. Il faut que le terrain soit propice, c'est à dire dégagé et mou. La vieille daine a des allures plus régulières qu'une jeune femelle. Le mâle adulte quant à lui n'écarte pas les pinces ni celles des pieds avant ni celles des pieds arrières. Contrairement à la femelle qui avance en ligne droite, les mâles "croisent leurs pas de gauche à droite et de droite à gauche". Ce croisé est d'autant plus
régulier que le daim est vieux. |