A) Comportement
général du daim
1. La vie en hardes séparées
Pour bien comprendre le comportement
du daim, il faut savoir que la vie de cette espèce animale est marquée
par une séparation des sexes durant la majeure partie de l'année.
En effet, mâles et femelles ne se rassemblent que durant un laps
de temps d'un mois environ, temps de vie commune qui correspond
à la période du rut. Celle-ci a lieu en gros du 10 octobre au 10
novembre de la même année. En dehors de cette période de grande
agitation, les mâles vivent séparés des femelles sur des distances
pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilomètres.
Durant cette longue période d'inactivité sexuelle, les mâles
vivent seuls ou en petits groupes que l'on nomme hardes, ne
comprenant en général pas plus de dix animaux. La structure de ces
hardes n'est, d'après Darling qui a fait de nombreuses études
sur les cervidés, pas cohérente, et le groupe n'est mené par
aucun leader. Tout au plus peut-on supposer que, lors d'un danger
quelconque, il y ait rassemblement du troupeau autour d'un vieux
mâle. Ceci se voit parfois mais n'est pas susceptible d'être
généralisé. Comparées aux hardes de mâles dont la structure est
peu stable, celles des femelles sont toujours très bien définies
et menées par un leader qui s'avère toujours être une femelle
âgée et régulièrement productrice. |
Il est intéressant
de s'attacher un peu sur la formation même des hardes. Selon
Bourlière elles comprendraient le "harem" formé par le
mâle lors de la période de rut. En fait, ce renseignement ne permet
pas de donner l'origine de la harde dont la formation est antérieure
à la période des amours. En effet, les hardes de femelles se créent
dès la fin de la mise bas, d'une manière assez floue au début,
mais, qui par la suite se stabilise. Elles se
forment donc bien avant l'arrivée des mâles ce qui prouve bien
que l'action de ceux-ci n'entrent en rien dans la détermination
de celles-ci.
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En vérité, l'origine première de la harde provient
des jeunes faons. Point n'est besoin de vanter la vitalité et
le sens inné du jeu dont font preuve les faons quelques jours à
peine après leur naissance. Ce sont précisément les jeunes des faons
entre eux qui déterminent les hardes, chaque femelle suivant son
faon qui se lie avec d'autres et qui fuit avec eux en cas d'alerte.
Ainsi donc, la formation des hardes est totalement fonction du hasard,
puisqu'au départ chaque femelle s'était séparée des autres
pour mettre bas, s'appropriant sont petit secteur de forêt.
On pourrait donc penser que les hardes de femelles et de faons sont
perturbées chaque année, en ce sens qu'elles ne se regrouperaient
jamais, ou que rarement, avec les individus de l'année précédente.
Or il n'en est rien en général. Pour comprendre les causes de
cette contradiction apparente, il faut apporter une précision supplémentaire.
Chaque harde évolue sur un territoire bien défini, mais cependant
non défendu contre les congénères en cas de circonstances défavorables,
contrairement à la place du rut. Ce territoire est couramment nommé
le cantonnement de base. Chaque harde possède donc son cantonnement
de base, dans lequel elle évolue toute l'année, à l'exception
de la période du rut. C'est dans ce même territoire que chaque
daine s'éloignera des autres et mettra bas son faon. Un jeune
faon d'une daine appartenant à un certain cantonnement de base
aura donc plus tendance à se lier avec ceux des autres daines faisant
partie du même cantonnement. Néanmoins, il est fréquent que des
daines et leurs faons passent dans un cantonnement de base voisin.
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