2. Composition
des hardes de femelles
Nous avons vu que l'on y trouvait les femelles et leur
faon de l'année. Mais ce ne sont pas les seuls éléments de ces
hardes. Mis à part ces deux générations, nous en trouvons toujours
une troisième formée par les jeunes faons et daines de l'année
précédente. Nous constatons donc immédiatement que dans ces hardes
de femelles, c'est ainsi que nous les avons nommées, nous trouvons
aussi des mâles qui peuvent déjà être coiffés. Cela est d'autant
plus vrai que les hardes de femelles peuvent avoir comme membres
des mâles plus vieux qui ont déjà fait leur deuxième tête. Leur
présence dans les hardes de femelles, peut s'expliquer de la
manière suivante. Ce sont des daims qui, ayant fait partie d'une
harde l'année précédente, n'ont pas osé suivre les autres
mâles après le rut, et ce malgré l'instinct qui les poussait
à quitter les femelles. On peut penser que ce phénomène est une
phase transitoire entre deux modes de vie différents, et que pour
le deuxième tête appartenant à une harde de femelles, l'appel
des femelles à prévalu sur celui des mâles.
Nous avons donc vu que la harde est formée en général de femelles
accompagnées de leurs faons de l'année et de ceux de l'année
précédente, mais qu'elles pouvaient aussi comprendre des mâles
plus vieux, daguets et même deuxième tête. Cependant, nous pouvons
affirmer grâce aux observations que nous avons pu faire ici et là,
que l'on ne trouvera jamais de plus vieux mâles que les deuxième
tête, en dehors de la période de rut bien entendu. Bourlière, Chaigneau
et Oberthür ont d'ailleurs fait les mêmes observations dans
différents pays.
Il faut souligner que dans les cas des animaux en liberté, la présence
d'un mâle coiffé ne compromet en rien la supériorité de la femelle
leader. Un mâle, même s'il est de deuxième tête, ne mènera jamais
une harde de femelles. La harde en fuite est toujours commandée
par une vieille femelle, même si elle comporte des mâles. Il est
même fréquent de voir, en cas d'alerte, le daim mâle se détacher
de la harde et fuir et son côté. Il n'en est pas de même pour
les animaux vivant en captivité. En effet, du fait de la présence
continuelle des mâles sur un terrain de superficie réduite, les
réactions s'en trouvent modifiées
Il convient à présent, pour terminer cette étude sur le comportement
des hardes, de préciser que durant la période des amours, le faon
et son aîné quittent plus ou moins la harde pour ne rejoindre leur
mère qu'une fois le rut terminé. C'est une période très
délicate pour les jeunes faons et la mortalité s'en ressent.
Nous en reparlerons ultérieurement quand nous traiterons la vie
sociale du daim. 3. L'alimentation
des daims
Nous avons vu dans le chapitre sur l'étude morphologique, que
le daim était un herbivore, que son estomac était adapté à la rumination
et au régime herbivore. Effectivement, le daim ne mange que des
produits végétaux. Ces produits sont de trois ordres.
Il y a tout d'abord l'herbe elle-même. La daim mange d'autre
part toutes sortes de fruits d'arbres tels que glands, les châtaignes,
les marrons d'Inde, le gui, les baies et les céréales. Mais
surtout, nous y avons fait allusion, le daim possède une dentition
qui, par une nette inclinaison des premières mitoyennes fort développées,
lui permet de ronger les écorces dont il est friand. Herbes grasses
surtout, fruits et écorces, en particulier celles de frênes, constituent
donc tout le menu du daim. L'alimentation du daim varie selon
les saisons.
Durant le printemps, le daim préfère brouter les pousses tendres
et fraîches qui sortent de la terre ainsi que les bourgeons et les
jeunes feuilles. Il délaisse alors presque totalement les écorces.
En été, l'animal se nourrit de feuillages verts, de fruits d'arbres
et d'écorces ainsi que d'herbes plus ou moins sèches. L'automne
lui fournit toute la gamme de fruits d'arbres tels que faines,
glands, châtaignes, marrons d'Inde, etc... Durant l'hiver,
le daim fait des écorces sa principale nourriture. Néanmoins il
faut reconnaître, et nous l'avons remarqué maintes fois, que,
par souci de commodité, l'animal préfère ronger les écorces
des arbres tombés à terre. Il peut ainsi conserver la tête droite,
alors qu'écorcer un arbre planté l'obligerait à incliner
la tête de côté, ce que l'animal n'a pas l'air d'apprécier
tellement. L'habitude de ronger les écorces, plus que
ne le font le cerf, ou le chevreuil, a donné au daim sa mauvaise
réputation qui, dans certaines régions fait qu'on le considère
comme quasiment nuisible.
L'alimentation du daim étant exclusivement végétale et donc
contenant de par elle-même beaucoup d'eau, le daim n'est
qu'un petit buveur. La présence d'eau ne l'attire pas
particulièrement. Néanmoins le peu d'eau qu'il réclame doit
être la plus pure possible. |