B) La vie sociale du daim


1) Le rut

Période de grande intensité, elle se situe environ du 10 octobre au 10 novembre. Il est difficile de donner une date précise du point culminant du rut. En effet, tous les animaux ne sont pas prêts à la même époque, les vieux mâles l'étant souvent dès la fin septembre, les daguets ne pouvant l'être que vers la mi-novembre.

  La période du rut est caractérisée par différents moments. Il y a tout d'abord une phase de recherche des femelles avec constitution d'un harpail, sorte de harem. Cette phase est suivie des préliminaires de l'accouplement et de l'acte sexuel proprement dit. Nous allons essayer de traiter ces différentes phases de la manière la plus précise et la plus complète possible.

a) Formation du harpail et délimitation de la place de rut

Leurs bois refaits, les mâles entrent en chaleur après avoir été longtemps au repos sexuel. Les premières agitations ont lieu dès le début du mois d'octobre soit 10 à 15 jours avant la période du rut proprement dite. Les premiers symptômes de cette période d'agitation se manifestent par le départ des mâles qui, quittant leurs territoires habituels, rejoignent les cantonnements de base, et avec eux, les femelles.

Le premier souci des daims mâles est, une fois arrivés, de se délimiter un territoire sur lequel aura lieu l'accouplement. Ce territoire est généralement un espace peu boisé que le mâle tiendra durant toute la durée du rut et qui lui donnera assez de champ pour surveiller les femelles et se débarrasser s'il y a lieu, d'un rival. On peut constater que les places de rut sont invariables au cours des années, chaque mâle regagnant le territoire qu'il occupait l'année précédente.

Pour délimiter son territoire, le daim utilise différents moyens. Le premier, le plus évident, est le raire ou le brame. En effet, durant toute la phase de recherche des femelles, et ce dès le début du mois d'octobre, les mâles raient fortement, émettant
un cri assez désagréable à entendre que l'on peut comparer aux efforts d'un vomissement humain .

Répété en série de six à dix, pendant que l'animal se déplace, il a pour but de délimiter le territoire et d'éloigner les autres mâles qui voudraient se l'approprier. Il joue un rôle d'intimidation. En effet, les vieux mâles ont une voix beaucoup plus grave et bien plus puissante et sonore que les jeunes et donc éloignent ces derniers.

Le raire est d'une grande importance puisque, renseignant sur l'âge, et donc de la force du souverain de la place, il évite des combats inégaux. Il permet à l'adversaire trop faible de fuir avant d'avoir engagé le combat. Durant toute la période des amours, les mâles réant fortement, le cou et la gorge enflent considérablement.

Au début du rut, quand se manifestent les premières agitations, les mâles raient surtout à l'aube le matin et le soir au crépuscule. Quand le rut est plus avancé, les mâles raient aussi vers midi. Ce n'est qu'au plus fort du rut, vers la fin octobre, que les mâles raient sans arrêt.
Si le raire est le moyen le plus évident, à nos yeux, pour déterminer le territoire d'un mâle, chasser les éventuels conquérants et bien sûr aussi d'appeler les femelles, il n'est pourtant pas le seul.

Le daim possède des moyens olfactifs pour délimiter sa place de rut. Le premier est l'urine. Durant tout le temps pendant lequel le mâle essaie de s'approprier et de défendre son territoire, il urine afin d'imprégner le sol de son odeur. Si celle-ci n'est pas reconnue par l'homme, du fait de son faible odorat, elle ne manque pas de l'être par les autres mâles qui, de ce fait, savent parfaitement si un territoire donné est la propriété d'un éventuel rival ou non. Le deuxième moyen olfactif est la sécrétion des larmiers. Nous avons vu dans le chapitre précédent que cette glande pré orbitale sécrétait un liquide visqueux, noirâtre et très odorant, et que cette sécrétion n'était abondante que durant la période des amours. Le daim s'en sert effectivement, uniquement pour délimiter l'espace dans lequel il daguera ses femelles, en le déposant sur des  branches basses.
En dehors de ses moyens acoustiques et olfactifs, le daim possède un moyen visuel pour délimiter son territoire. On voit couramment les mâles frotter leurs bois aux écorces, parvenant suivant

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