Bien que
l'animal puisse toujours prendre la fuite quand il sent qu'il
prend le dessous ou qu'il est blessé, l'issue du combat
peut être mortelle, surtout lorsque l'on a à faire à deux mâles
de régions différentes et qui donc ne se connaissent pas. La mort
survient presque toujours d'une éventration par un des andouillers.
L'agression intra spécifique permet de garantir la répartition
régulière d'animaux d'une même espèce à travers un territoire,
et d'autre part, les combats entre mâles favorisent la sélection
naturelle, c'est à dire la sélection des meilleurs et des plus
forts.
Ce sont les mâles les plus vigoureux qui fécondent les femelles
et donc la probabilité d'avoir une progéniture plus robuste
sera plus grande. Rappelons que la période des amours ne peut avoir
lieu sans agressivité. Passée la période du rut, le comportement
agressif cesse, les rivalités entre mâles s'estompent ce qui
rend à nouveau possible la formation de bandes de mâles. Le combat
terminé, les femelles suivent le vainqueur, délaissant totalement
le vaincu. Le mâle vainqueur met d'ailleurs tout en œuvre pour
empêcher les femelles de le quitter en tournant constamment autour
d'elles tout en bramant ou en forçant d'une manière plus
rude une femelle à rester avec lui. Comme les femelles ne sont pas
toutes en plein œstrus et donc ne sont pas toutes réceptives, le
daim doit constamment rester vigilant
Néanmoins, malgré tous ces regards il arrive toujours que l'une
ou l'autre daine quitte furtivement le harpail pour aller se
faire daguer par un mâle de son choix. Il peut arriver que, lors
d'un combat, un troisième mâle qui est souvent un jeune, profite
de l'occasion pour dérober furtivement une femelle, qui lui
appartiendrait pourtant en toute liberté quinze jours plus tard,
quand les vieux mâles, épuisés, abandonneront leurs places de rut.
En effet, nous l'avons dit, au début de ce paragraphe, tous
les mâles n'entrent pas en rut à la même époque. Cela se comprend
aisément puisque nous savons que, pour entrer en rut, le mâle doit
avoir refait sa coiffe. Or les plus vieux ont leurs bois flambant
neufs une quinzaine de jours avant les jeunes. |

|
Le début du rut qui
dure une quinzaine de jours au maximum commencera donc avant pour
les mâles les plus âgés. Quand les vieux mâles quitteront les places
de brame, ce sera au tour des jeunes alors en rut, de les occuper.
Les daines n'étant pas des vertus farouches, les jeunes mâles
auront aussi leur chance. La nature a bien prévu les choses !
Il arrive
même parfois que quand une femelle n'a pas été fécondée alors
qu'elle était en plein œstrus, elle entre une deuxième fois
en chaleur un peu plus tard, ce qui lui permettra d'être daguée.
Elle ne le sera plus alors par les vieux mâles qui eux sont déjà
impuissants dès la fin du mois d'octobre, mais par un daguet
qui, nous l'avons vu, peuvent féconder des femelles jusqu'à
la mi-novembre. Ceci explique que des daines tuées le même jour,
ont des fœtus très différents sur le plan du développement. |
b) L'acte
sexuel
Nous avons vu que le daim consacrait beaucoup de temps à la délimitation
du territoire, à sa défense et à celle de son harpail de femelles.
Au plus fort du rut, il consacre le plus clair de son temps sauf
au moment le plus haut du jour, au geste amoureux. Ce rapprochement
des sexes ne peut se produire qu'en période d'œstrus. L'œstrus
correspond à une période déterminée du cycle sexuel, durant laquelle
a lieu la copulation. A ce moment, le réflexe de fuite disparaît.
Néanmoins, la femelle peut simuler la fuite ce qui a pour effet
d'augmenter le désir du partenaire. L'accouplement est dorso-ventral,
le mâle chevauchant la femelle. Le geste est soudain et bref, mais
le mâle le répétera un grand nombre de fois pouvant aller jusqu'à
5 fois en dix minutes.
Pour achever cette étude sur le rut, il faut préciser que durant
toute cette période de grande agitation, le daim est tellement obsédé
par la recherche des femelles, la défense de son territoire et de
son harpail et par l'acte sexuel, qu'il en oublie de manger.
C'est pourquoi il n'est pas rare de constater que durant
toute cette période qui dure environ trois semaines pour chaque
mâle, celui-ci perd environ un tiers de son poids. Cette période
exceptionnelle étant terminée, la vie du daim reprendra son cours
normal.
Les mâles quitteront à nouveau les femelles, entraînant avec eux
certains mâles qui n'avaient pas voulu les suivre l'année
précédente, les femelles quant à elles, après avoir retrouvé leurs
faons, regagneront leur cantonnement de base qu'elles avaient
délaissé durant près d'un mois. |