2) La mise bas

Cette période est caractérisée par la dislocation de la harde de femelles. Après avoir été fécondée par les mâles, les femelles retournent dans leur cantonnement de base où elles commencent à mener une vie en hardes, et ce pendant presque toute la durée de la gestation. Ce n'est qu'une dizaine de jours avant la mise bas que les femelles se séparent pour chercher au sein du cantonnement de base un buisson épais dans lequel elles mettront au monde leur faon.

La durée moyenne de gestation durant près de 8 mois, 230 jours pour être précis, la mise bas aura lieu, selon que la femelle a été fécondée entre la mi-octobre ou la mi-novembre, entre le début juin et la mi-juillet. Dans la majorité des cas, la parturition se situe entre la mi-juin et la fin juin. Les statistiques données par Rieck et élaborées sur des animaux vivant dans de grandes réserves avancent que 12 % des faons naissent fin mai, 72 % en juin et 16 % en juillet.
Les hardes se disloquent donc à partir de mi-mai. Chaque femelle s'isole alors dans un petit secteur du cantonnement de base, et perdant tout instinct grégaire, elle en interdit l'entrée à tous. Ni les jeunes de l'année précédente, ni les daguets, ni les autres femelles ne sont tolérés. A l'intérieur de son petit domaine, chaque daine décèle un buisson dense et l'aménage en une demeure très secrète, tapissée d'herbes sèches que l'on nomme la chambre.

C'est dans cet endroit sec qu'elle mettra bas son faon. Il est à noter qu'une daine n'a en général qu'un seul faon. Les cas de jumeaux sont très rares. La parturition est souvent assez pénible, la daine s'aidant de sa gueule pour tirer sur les membres de son petit. Celui-ci apparaît toujours la tête posée sur les pattes antérieures. La femelle qui a mis bas en position couchée sur le flanc, se lève aussitôt dès la naissance du nouveau-né.

Comme chez tous les ruminants, elle rompt les membranes entourant le nouveau-né, mange la délivrance et coupe le cordon ombilical si nécessaire. Ceci fait, elle commence la première toilette du faon, le léchant avec soin y compris sa région anale et sa zone génitale. Ce léchage et ce nettoyage durent généralement plus d'une heure, moment durant lequel le jeune faon peut déjà commencer à téter. Le nouveau-né dont la robe brune est fortement tachetée et ornée de 2 lignes noires parallèles à l'échine, est très faible durant les trois premiers jours, à tel point qu'il lui est impossible de se dresser sur ses pattes. Pour ne pas l'exposer trop aux prédateurs et plus particulièrement aux renards, aux belettes et aux hermines, le nouveau-né est inodore durant tout le temps où il ne peut se tenir sur ses pattes. Ce don de la nature est très précieux pour la mère qui, après avoir bien dissimulé son faon, peut le quitter quelques instants pour s'alimenter. Découvrir la cachette du nouveau-né relève du hasard, même pour un prédateur.
Dès le quatrième jour, le faon est capable de se tenir sur ses pattes et de suivre sa mère. A partir du moment où le tout jeune daim peut se tenir sur ses pattes, il lui est possible de téter normalement, l'allaitement se faisant debout.

On est mal renseigné quant à la durée de l'allaitement et il est très difficile de la déterminer de façon précise, les faons continuant à téter longtemps après avoir commencé à s'alimenter d'eux-mêmes. Il est généralement admis que les faons tètent jusqu'au rut suivant. Néanmoins on ne sait si les glandes lactaires sécrètent du lait durant toute cette période. La composition du lait de la daine est également mal connue. D'après Bourlières, le lait contiendrait environ 20 % de graisses et 10 % de protéines, mais aucune étude précise n'a été faite concernant le lait de dîne.

Lorsqu'un bruit suspect se fait entendre, le faon s'aplatit sur le sol, les oreilles couchées et se tient immobile, bien dissimulé aux regards par sa robe tachetée. Au bout d'une semaine, le faon est capable de gambader. Néanmoins ce n'est qu'au bout de 20 jours que les femelles et leurs faons alors suffisamment adroits, se regrouperont et reformeront les. A cet âge, les faons font preuve de beaucoup de vivacité, aimant à jouer à la course, à faire des cabrioles souvent fort acrobatiques. Le jeune faon est tout au long de l'année, l'objet de toute la tendresse de la mère.

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