6. Etude des bois

Après avoir mis en évidence les différences entre les mâles et les femelles, nous allons à présent nous attarder sur la plus spectaculaire et peut-être la plus visible/ les bois.

a) Description

Les bois, apanage des mâles uniquement, sont appelés ainsi en raison de leur ressemblance de par la forme et la couleur avec les branches d'un arbre. Du point de vue physiologique, le bois est un véritable os rond, d'une densité à peu près équivalente à celle de l'ivoire, sans cavité médullaire, ce qui permet dès à présent de le différencier de la corne qui elle est une enveloppe chitineuse recouvrant un os spongieux.
Chez les vieux daims, les bois peuvent peser jusqu'à 7 kg et mesurer 90 cm, ce qui est déjà assez exceptionnel, 6 kg étant déjà un beau massacre.
Les bois sont portés sur le front. Malgré leur taille très importante par rapport à celle du daim, ils ne gênent l'animal que fort peu, celui-ci redressant la tête pour courir, de manière à coucher sa coiffe sur l'encolure.

 

 

Le bois de daim, légèrement différent de celui des autres cervidés et plus particulièrement du cerf, se présente de la manière suivante. Il est constitué d'un merrain qui en constitue l'axe principal. Le merrain est traversé dans sa moitié supérieure par un sillon ou gouttière, petite dépression vestige de l'artère principale qui alimentait le tissus nourricier lors de la formation du bois. Le merrain est rattaché au pivot - excroissance osseuse toujours recouverte de peau, située au sommet du crâne et sur laquelle grandit le bois - par la couronne formée de la meule et ornée de petites aspérités plus ou moins arrondies, les pierrures. L'ensemble des bois, mis à part la couronne, a une contexture lisse et une couleur très variable. Du merrain partent différentes ramifications. La première, située le plus près de la tête, est l'andouiller dit de massacre ou de défense puisqu'il sert lors des combats rituels au moment du rut. Cet andouiller est souvent brisé en raison de la violence des chocs avec les antagonistes ou même les arbres, le combat étant un besoin lors de la période du rut.

 

 

Au-dessus de l'andouiller de massacre se trouve le 2e andouiller ou surandouiller, plus petit que le premier. Le bois se termine par une palette ou palmature plus ou moins grande, selon l'âge de l'animal. Elle est formée par la fusion des andouillers supérieurs. De la périphérie de cette palette partent différentes petites pointes. Celle située à l'opposé du surandouiller se nomme l'éperon.
La couleur des bois est fort variable. Différentes études ont permis de déterminer la cause de la variabilité de leur couleur. Les bois étant blanchâtres à la fin de leur développement, il est donc évident que leur coloration n'est pas fonction de l'hérédité, mais d'un facteur extérieur variable suivant le milieu dans lequel vit le daim.
  D'après des constatations faites sur des animaux vivant en captivité, on remarque que la coloration des bois varie suivant les essences d'arbres existant dans le biotope du daim et qu'elle ne peut se faire une fois l'animal mort. Dans le document : "Ce qu'il faut savoir des soins à donner aux cervidés tenus en captivité" fourni par la Direction du zoo de Mulhouse, on peut d'ailleurs lire : "...Prévoir des trous cimentés et y coincer des arbustes qui devront toujours être verts et abattus fraîchement, encore plein de sève. Sinon les bois n'ont jamais la belle couleur brune comme dans la nature, mais restent grisâtres et ternes...".
Nous avons dit d'autre part que la coloration définitive ne se produit que sur un bois vivant. Elle est le résultat d'une oxydation des pigments qui se trouvent sur le bois, oxydation qui, pour être complète, nécessite l'intervention de sucs contenus dans la sève. Ces sucs influencent de leur côté la coloration des bois. On a constaté que l'animal ayant touché au bois sur des hêtres ou des bouleaux avait une coiffe rousse, qu'elle était brune avec le chêne, le frêne et les résineux, noirâtre avec le charme et le tremble.
Tout le bois n'est pas coloré ; l'extrémité des éperons osseux - andouillers et pointes émanants de la palette - restent blancs, la sève ne se fixant pas à ces endroits-là par suite des frottements fréquents auxquels ils sont exposés.

 

 

 

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