b) Le développement des bois

La formation des bois résulte de phénomènes physiologiques complexes. Nous avons vu plus haut que les bois du daim sont caducs, contrairement à la corne qui elle est persistante. Après la mue du printemps, il se forme chaque année un nouveau bois. Cette croissance débute quinze jours après la chute et dure quatre mois, de telle sorte que les bois sont fin prêts pour la période du rut.
Le bois se développe chaque année en longueur à partir de la base par un bourgeon émanant d'une protubérance frontale que l'on nomme le pivot. On comprend donc que plus l'animal aura des bois importants, plus il sera vieux. Ce développement se fait d'autre part en largeur et en épaisseur grâce un périoste cutané velu à l'extérieur que l'on nomme le velours. Chaque année ce velours organise un réseau artériel, veineux, lymphatique et nerveux. Ce réseau s'atrophie et tombe de lui-même lorsque l'os a atteint sa maturité.
Au début de son développement, le bois recouvert de velours a une consistance molle et élastique. Il ne deviendra rigide qu'une fois totalement minéralisé.

Afin de mieux faire comprendre la formation des bois, nous allons décrire la tête de l'animal qui fait sa première "pousse". Vers l'âge de six mois, fin octobre, début novembre, apparaissent au sommet de la tête des mâles (l'os frontal) deux excroissances osseuses de formes arrondies. A ce moment le faon prend le nom de hère. Durant une période de quelques mois l'animal a le poil hirsute, la tête maigre, le cou frêle, d'où d'ailleurs l'expression de pauvre hère attribuée aux personnes à l'allure pitoyable.
Ces protubérances s'allongent et deviennent cylindriques jusqu'au mois d'avril. Les pivots qui sont toujours recouverts de peau et de poils ont alors atteint leur taille maximale. Celle-ci est d'environ trois centimètres. Ces pivots font partie intégrante de l'os frontal. Ils ne tomberont donc jamais. La taille du pivot s'accroît avec l'âge. D'autre part, plus l'animal vieillit, plus le pivot diminue de longueur. En conclusion donc, plus le pivot sera gros et court, plus le daim sera âgé.
Au mois d'avril, on peut apercevoir au sommet du pivot, une petite saillie. C'est l'origine du premier "bourgeon" générateur du bois. Ce bourgeon est riche en vaisseaux capillaires. A la base et à la périphérie du pivot les artères et les veines augmentent de volume et se dirigent vers le haut. Au bout de quelques jours, le tissu embryonnaire qu'est le bourgeon, s'est allongé de plusieurs centimètres vers le haut et légèrement vers l'extérieur. Le velours et le centre du pivot forment du cartilage et des "travées d'ossification". Tant que le jeune bois s'allonge, il est souple et élastique. Le cartilage l'emporte sur l'os. A partir du moment où la tête a "tout allongé", c'est à dire quand le bois a atteint sa taille maximale l'ossification se termine très rapidement.
A la fin du mois d'août, le jeune daim qui a fait sa première tête porte deux perches toujours recouvertes de velours. Ces perches n'ont aucune ramification. Elles mesurent de 3 à 12 centimètres de haut. On les appelle aussi dagues d'où le nom de daguet donné au daim mâle qui a fait sa première tête.
L'animal est averti par une sensation spéciale une fois que ses dagues sont entièrement formées. Il y a alors obturation des vaisseaux sanguins nutritifs ce qui entraîne l'atrophie et le dessèchement du velours qui se détache en lambeaux jusqu'au sommet du pivot. C'est l'époque de la mortification. Le daim favorise la chute du revêtement cutané en frottant énergiquement ses bois contre les arbres si bien que la coloration de la coiffe se fait dès la chute du velours. On dit à ce moment que le daim a frayé bruni.

Si on examine le premier bois, on remarque qu'il n'y a qu'un petit bourrelet à l'union du bois avec le pivot. Le bois est directement dans le prolongement du pivot dont il a sensiblement le diamètre. Il n'existe donc qu'un embryon de meule ou couronne. Celle-ci n'apparaît bien formée que chez des animaux plus vieux. Le bois est intimement lié au pivot qui le nourrit encore longtemps par de petits vaisseaux sanguins et lymphatiques. Ceci peut se constater facilement. Si l'on casse un jeune bois il suinte légèrement. Il n'y aura obturation totale des vaisseaux qu'au printemps suivant. Cette obturation du système vasculaire préparera la chute des bois. Le daguet conserve donc ses bois jusqu'au mois de mai de l'année suivante, lors de sa deuxième année. La façon dont tombent les bois est également intéressante. Les expériences récentes de Waldo et Wislocki ont montré qu'il s'effectue en premier lieu un désagrègement du bois, à l'endroit où se produira la cassure. Au fur et à mesure de la résorption, la place de l'os est prise par un tissu connectif qui maintient le bois en place mais moins solidement

 

 

 

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